mercredi 7 octobre 2015

Le rappel : indispensable, et pourtant si problématique

« Je voudrais tant le lâcher, mais il ne revient pas au rappel ». Combien d’éducateurs n’ont pas entendu cette phrase ? Chargée de désarroi et de culpabilité souvent, puisque bien sûr, le chien du voisin court tout le temps librement dans les champs, avec un rappel évidemment infaillible… Alors quelles solutions proposer et, surtout, pour quels résultats ? Gros plan.
 
Ils se tiennent là tous les deux, presque penauds, avec leur petit jack frétillant en bout de laisse. Espérant que l’éducateur dont ils ont poussé la porte saura régler ce problème qui leur gâche la vie. Leur petit Hannibal aime tant gambader à son rythme, il est si tonique, il a tellement besoin de bouger. Mais voilà, il refuse de revenir quand on le lui demande… Que faire, et comment ?
 
Le rappel pas à pas 
 
Idéalement, le rappel devrait être inculqué au chiot dès son arrivée dans la maison. Un petit chiot de deux mois n’est pas bien difficile à faire revenir. Autant en profiter, surtout qu’on peut généralement le lâcher en extérieur, il ne s’éloigne encore guère de ses maîtres. Il faut aussi prendre l’habitude de rappeler le chien chez soi, à la maison, dans son jardin, à chaque fois qu’on en a envie. Sans oublier, évidemment, de le récompenser quand il obtempère : une friandise, un jeu de balle, une caresse, un « c’est bien » d’une voix douce et enjouée.
 
Une des règles premières, c’est de ne pas rappeler le chiot pour l’attacher. Il fera vite l’association « je reviens, on m’attache ». Rappelez-le, récompensez-le, gardez-le avec vous quelques secondes, puis laissez-le repartir sur ordre. Vous pouvez également le remettre de temps en temps à la laisse sur quelques mètres, sans oublier, lorsque vous accrochez le mousqueton à son collier ou à son harnais, de lui donner une récompense, toujours dans l’optique d’une association positive (remise en laisse = élément agréable).
 
 
Une friandise pour la remise en laisse
 

Si votre chiot, ou votre chien, rechigne à revenir, que vous êtes obligé d’aller le chercher, ne cédez pas à la tentation de l’énervement. Vous ne feriez qu’hypothéquer votre prochaine tentative de rappel. Marquez l’échec d’un « tant pis », remettez Médor à la laisse et dites-vous que vous ferez mieux demain. Enfin, si vous vous êtes époumoné durant dix minutes et qu’enfin, il daigne revenir vers vous, ne vous fâchez pas. Respirez fort, calmez-vous, et récompensez le quand même. N’oubliez pas qu’il aurait aussi pu ne pas revenir du tout !
 
Enfin, soyez toujours congruents : votre gestuelle, votre voix, votre intonation, tout votre langage non verbal doit appuyer votre « viens ». Si Médor sent de la colère ou de la peur dans votre voix, si votre langage corporel n’est pas adapté à votre demande verbale, il ne reviendra pas.
 
Les roues de secours du rappel
 
Un bon éducateur vous donnera des clés pour contourner les échecs de rappel. L’on peut ainsi partir bruyamment dans le sens inverse de la promenade, éventuellement même se cacher. L’on peut d’ailleurs pratiquer cet exercice de se cacher de temps en temps, afin que le chien prenne l’habitude de ne pas perdre son propriétaire de vue. La peur de l’abandon, la soudaine solitude, peuvent avoir raison de certains récalcitrants !
 
Attention au conflit de motivations.
 
Si votre chien est en train de jouer avec un autre chien, qu’ils sont en pleine partie de course-poursuite échevelée, votre rappel se soldera très certainement par un « flop » retentissant. C’est logique : sur une échelle de motivation, le jeu avec le copain est situé bien plus haut que vous et votre friandise. On peut évidemment rappeler un chien qui s’ébat avec des congénères, mais cela nécessite préalablement un apprentissage patient et minutieux.
 
Pareillement, un chien qui renifle une odeur, ou qui prend une piste de gibier, ne vous entend pas. Il n’est pas têtu ou de mauvaise volonté, il est juste tout entier dans sa truffe, et forcément absent à toute autre sollicitation de son environnement. S’il est absorbé par la trace olfactive laissée par un autre chien, attendez qu’il relève la tête pour le rappeler.
 
Pour contourner ces conflits de motivation, vous devez commencer à travailler le rappel chez vous, à l’intérieur de votre habitation. Vous et votre friandise serez alors plus importants que tout le reste. Puis sortez dans votre jardin, dans un parc, dans les champs, mais à chaque fois sans autre motivation que vous, et votre morceau de saucisse à l’ail ou votre balle « pouic-pouic ». Puis élevez votre niveau de difficulté : faites-vous aider par d’autres propriétaires de chiens. Apprenez à Médor à revenir vers vous quand il joue avec un autre être humain, ou avec un autre chien. Et surtout, allez au rythme de votre chien, sans brûler les étapes. Ces apprentissages sont possibles, mais ne coulent pas de source : il vous faudra être patient et organisé. N’hésitez pas à vous faire aider !

 
Les limites de chaque chien.
 
Au-delà de l’éventuel conflit de motivations, chaque chien a ses propres limites. Un éducateur qui vous promet que votre chien reviendra en toute circonstance vous ment. C’est tout simplement impossible à garantir. Certains chiens reviendront vers leur maître tout le temps, quoi qu’il se passe. D’autres non, quelle que soit la peine qu’on se donne. Pour certains, la vue du chevreuil ou du lièvre sera toujours plus intéressante que le propriétaire. L’important, pour un rappel réussi, c’est d’apprendre à connaître son chien, sans vouloir qu’il ressemble au chien qu’on avait avant, ou au chien du meilleur ami « qui obéit si bien et revient au doigt et à l’œil ». Il faut savoir dans quels environnements on peut le lâcher, et dans quels environnements il vaut mieux le laisser à la laisse, quitte à compenser en rallongeant la promenade d’une demi-heure et en jouant encore un peu dans le jardin au retour.
 
De la relation au rappel.

 
Enfin, un rappel réussi signifie très souvent une relation maître-chien de bonne qualité. Si Médor modifie à sa guise vos comportements, obtient toutes les caresses qu’il veut quand il veut, joue avec vous quand il en a envie, n’espérez pas qu’à l’extérieur, il reviendra quand vous l’appelez. Vous lui obéissez dans votre vie quotidienne, ce n’est pas au milieu de tous les stimuli du grand air qu’il va soudain vous reconnaître comme son leader.
 
Le petit Hannibal dont il est question au début de l’article avait ainsi l’habitude d’obtenir tout ce qu’il voulait de ses maîtres : avec la mise en place de stratégies adaptées à la situation, tout est rentré en ordre. Derrière les problèmes de rappel peuvent donc se cacher d’autres soucis relationnels, qu’un bon éducateur ou comportementaliste saura décrypter afin de mettre en place les solutions adéquates.
 

Marie Perrin

1 commentaire:

  1. Le rappel avec mes Saarloos... Au tout début je pensais que c'était pure utopie!
    Et maintenant Dyna est constamment lâchée en balade, et For Ever est lâché en fonction de l'environnement (parce qu'en cas de conflit de motivation, ma friandise et moi-même on ne pèse pas lourd^^)

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