mardi 16 septembre 2014

Mon chien garde ses ressources

Médor s’est approprié la gamelle du chat et gronde dès que quiconque passe à proximité. Hier, c’était la table du salon qu’il avait faite sienne et, avant-hier, le sac à main de sa propriétaire. A quoi cela correspond-il, et que peut-on faire pour y remédier ?

L’action de garder, de veiller, de surveiller est inscrite dans le comportement de canis lupus familiaris, encouragée même dans certaines races par la sélection génétique. Ne s’enorgueillit-on pas d’avoir un doberman particulièrement bon gardien ? Mais là où certains chiens, avec mesure, se contentent de protéger les troupeaux, les jardins et les propriétés – comportements évidemment encouragés par leurs humains -, d’autres font du zèle et se mettent à veiller sur des objets insolites, voire sur leurs humains.

Certains s’installent ainsi au pied du sapin et des cadeaux de Noël, tandis que d’autres ne laissent plus personne s’approcher de la porte d’entrée. Mon expérience de comportementaliste m’a ainsi amenée à côtoyer des chiens qui gardaient les pieds de leurs propriétaires, leur propre vomi ou le bébé de la famille. Le risque majeur : des morsures sur humains, ainsi que des bagarres avec d’autres chiens.

Tout ranger !
La priorité, avec ces chiens susceptibles sur les ressources, c’est de tout ranger. De ne rien laisser traîner que le chien puisse ravir. La deuxième étape, c’est bien sûr de travailler sur le relationnel, sur le système qu’il forme avec ses maîtres. Un cadre rassurant doit permettre peu à peu d’apaiser cet animal inquiet, anxieux. On le fera manger tranquillement dans une pièce à part, sans jamais l’ennuyer, on le laissera dormir tout son soûl sur la place qu’on lui aura attribuée, sans lui laisser la possibilité de se choisir lui-même un autre endroit de repos.

Une troisième étape pourra être de lui apprendre à donner, à rendre, par le prisme du jeu. Ainsi, troquer une balle contre une autre au cours de séances ludiques. Le but est certes qu’il apprenne l’ordre « donne », mais surtout qu’il ne se sente plus menacé sur ses possessions, qu’il sache que rien ne lui est jamais ôté de force, mais que s’il rend de bonne grâce, il se verra gratifié d’un bonheur encore plus intense. Travailler le calme et la complicité, devenir un leader qui inspire la confiance : telle sera la quatrième étape de la thérapie…

Combler le niveau individuel d'énergie (NIE)

Les propriétaires veilleront également à bien défouler leur chien, à lui donner des activités physiques et mentales, afin de pouvoir lui demander ensuite, à la maison, de se plier aux règles établies sans éprouver d’inconfort. Rappelons que chaque chien possède un niveau individuel d’énergie, ou NIE, qu’il faut absolument combler sous peine de voir apparaître des troubles du comportement – et garder intempestivement les ressources en fait partie.

Enfin, si malgré toutes les précautions, un conflit s’amorce autour d’une ressource, comment faut-il réagir ? En tous les cas, pas par la force. C’est le meilleur moyen de se faire mordre ! Un chien qui grogne prévient qu'il veut éviter le conflit. On pourra tenter diverses approches : un bruit pour détourner son attention, avec une contre-proposition dans la foulée, sortir la laisse et le harnais, pourquoi pas jouer avec une balle qu’il aime à quelques mètres de lui. Cela suffira peut-être à le distraire de son gardiennage inopportun, le tout de manière positive et non violente.

Dernier point, si vous êtes confronté à ce genre de situation, il ne faudra pas hésiter à vous faire aider par un professionnel, qui pourra plus facilement remonter à la source du problème afin de mettre en place les stratégies les plus adaptées…

Marie Perrin