jeudi 23 janvier 2014

Vie de comportementaliste : les grands moments de solitude...

Le métier de comportementaliste réserve parfois de grands moments de solitude. Ainsi, pour moi, ce soir de novembre 2013 au domicile d’une famille strasbourgeoise… Un moment de solitude qui a duré… deux heures !

C’est l’une des bases du métier : ne pas entrer en interaction avec le chien pour lequel on a été appelé, pas de regard, pas de contact, pas de parole. Mais cette consigne, au demeurant fort logique (souci de neutralité, montrer éventuellement la voie de la résolution aux clients) allait me valoir deux heures un peu….Bruyantes !

Ce soir de novembre 2013, j’avais rendez-vous chez un couple de personnes âgées et leur fils quadragénaire pour leur caniche toy, le bien-nommé Abricot (puisqu’il est de couleur abricot). Comme d’habitude, je suis arrivée à l’heure dite, me suis présentée, suis entrée sans regarder Abricot, sans lui parler, sans le toucher, évidemment… Evidemment… Evidemment !!! sauf que je venais de commettre là une grave, très grave erreur ! Roi des lieux et de ses maîtres (eh oui, on est souvent plus laxiste avec un mini-chien qu’on peut materner qu’avec un molosse de 50 kilos), Abricot n’avait pas l’habitude d’être traité avec autant de désinvolture, et il n’entendait pas laisser passer cet « affront » sans réagir !
 

Deux heures de calvaire auditif…
Abricot se lança donc dans une salve de vocalisations intempestives, et particulièrement aiguës ! Les propriétaires m’ont appris, un peu gênés, que leur chien avait l’habitude d’accueillir les invités en aboyant. Qu’il était d’usage que lesdits visiteurs lui prêtent allégeance en le caressant, et qu’alors seulement il s’apaisait et se taisait… Suivant scrupuleusement les préceptes de la consultation idéale, j’avais dérogé à la sacro-sainte règle d’Abricot… Et celui-ci, peu résistant à la frustration, en avait fortement pris ombrage !…

La consultation allait durer deux heures, deux heures au cours desquelles Abricot n’a quasiment pas cessé d’aboyer... Hormis très courts endormissements. Mais sitôt l’œil à nouveau ouvert, me voyant toujours là, il reprenait ses protestations sonores là où il les avait laissées pour s’endormir.
Mais où était donc ma bouteille magique ? Je l’avais bien sûr oubliée chez moi ! Ne pouvait-on périphériser Abricot ? Point, car le soir, les chats rôdent, et qu’Abricot aimant les chasser…… Je menai donc cahin-caha ma consultation, digne dans le bruit ambiant… et mis au point les stratégies ad hoc lesquelles, fort heureusement, semblent porter leurs fruits… puisqu’Abricot n’a désormais plus le droit d’imposer sa présence (phonique notamment) aux invités !

 Marie Perrin

lundi 13 janvier 2014

Une séance d'éducation collective chez un(e) comportementaliste...


Conditionner son chien : en quoi les manières de procéder des comportementalistes sont-elles intéressantes ?

A priori, on peut aisément penser que pour conditionner son chien, pas besoin d’en passer par un comportementaliste. A partir du moment où l’on opte pour le renforcement positif, le dressage devrait être identique, que l'on soit suivi par un comportementaliste ou dans un club canin.

Pourtant, la différence est importante. Pour ne pas dire essentielle, ou fondamentale.

Tout d’abord, un comportementaliste ne visera (normalement) que l’éducation de base : les ordres simples, qui servent dans la vie de tous les jours. Il apprendra également aux propriétaires à renforcer la relation qu’ils entretiennent avec leur animal, la confiance, la complicité, au travers d’exercices simples et ludiques. Il ne se focalisera pas sur une marche au pied de concours, mais montrera plutôt aux maîtres, souvent débordés, comment ne pas être tirés par leur chien. Enfin, formé à l’éthogramme du chien, il saura décrypter les moments de tension ou de stress, les temps de fatigue aussi, et s’adaptera aux états émotionnels des individus qui composent son groupe.

Mais surtout, le comportementaliste, lors de ses séances collectives, pratiquera plusieurs lâchers de tous les chiens présents, quel que soit leur âge, quelle que soit leur taille, quelle que soit leur morphologie. Les moments de travail seront beaucoup moins longs que les plages de liberté, où les chiens pourront interagir les uns avec les autres. Souvenons-nous que le chien est un animal social, qui a besoin de pouvoir communiquer avec des congénères, qui a besoin d’exercer sa grammaire corporelle, de s’ajuster et de jouer avec des « copains » ou des moins copains », et d’affiner son langage canin. Seuls des cours collectifs où les chiens sont lâchés tous ensemble, comblent ces besoins, vitaux pour les chiens et pourtant souvent négligés par les propriétaires.

Voici, en illustrations, ce que peuvent donner des cours collectifs lorsqu’ils sont dirigés par une comportementaliste, en l’occurrence, ici, Zita Nagy, qui officie au club canin de Geispolsheim, dans la région strasbourgeoise*.

Marie Perrin

Crédit photos : Laurence Bruder-Sergent, Vox Animae. Toute reproduction interdite.
 


















 









 




* La plupart des comportementalistes proposent des cours collectifs à titre professionnel. Zita Nagy intervient en club canin, de manière bénévole, et pratique un lâcher collectif de plusieurs dizaines de chiens… D’autres comportementalistes, dans d’autres clubs canins, proposent sans doute l’équivalent, mais je ne peux ici parler que de ce que je connais, dans ma région (le Bas-Rhin)…