dimanche 7 avril 2013

Mon chien, ce bavard...


Animal social, le chien possède un langage non verbal élaboré : de ses oreilles à sa queue, tout son corps porte signification, ses vocalisations, nombreuses et variées, venant en soutien de cette communication. Décrypter ce langage complexe permet de réagir de façon adéquate et adaptée, afin de mieux vivre ensemble.


Aboiements, grognements, hurlements, gémissements ou halètements sont autant de moyens de communiquer. Ils reflètent les états affectifs des chiens. Entre congénères ou avec nous, les chiens (nous) parlent d’émotions, de relations sociales, de besoins et de désirs. Les sonorités aiguës expriment généralement la peur, la douleur, mais aussi l’invitation au jeu, tandis que les sons graves sont plutôt du registre de la colère ou de la menace. Un auteur, Stanley Coren, a amplement analysé et illustré cette communication dans son ouvrage «Comment parler chien», publié chez Payot.




Toutes les nuances de la psyché canine


Car tous les aboiements ne se valent pas, non plus que les grognements ou les hurlements. Par certains, le chien signale sa présence, dit qu’il s’ennuie ou qu’il aimerait qu’on s’occupe de lui. Par d’autres, il indique qu’il vit un stress important, qu’il est impatient ou enthousiaste, peu sûr de lui ou, au contraire, prêt à en découdre. Les hurlements, eux, servent la plupart du temps à briser la solitude, mais ils peuvent aussi se faire l’expression du désespoir le plus abyssal.


Pourtant, pour le voisinage, rien de plus agaçant qu’un chien qui hurle ou aboie en l’absence de ses propriétaires. Excessif, du moins du point de vue de la société humaine, le chien bruyant suscite l’irritation et l’énervement. Mais si l’on se place du point de vue du chien, faisant l’effort d’essayer de le comprendre avant de le condamner, surgit une évidence : cet animal-là ne va pas bien, il souffre et n’arrive pas à calmer son anxiété. Après avoir isolé précisément les causes de ces nuisances sonores, il va falloir mettre en place des stratégies adaptées, comme un détachement ou une habituation à la solitude.


Certains chiens aboient en présence, et à destination de leurs maîtres : dans ce cas, point de souci de solitude, évidemment, mais bien plutôt une demande (jeux, attention, caresses), ou un refus de l’autorité. Ce dernier se rencontre plus fréquemment chez le jeune animal, pris dans les affres d’une adolescence impétueuse. «Non, je ne ferai pas ce que tu me demandes de faire», semble-t-il asséner avec arrogance. Comment réagir ? L’on pourra préconiser au maître d’insister, d’augmenter la motivation, voire même de veiller à poser un cadre de vie rassurant à l’animal. Et dans le cas d’intempestives requêtes, de cesser toute interaction avec le chien et d’ignorer ses aboiements.


Il semble également important de souligner que les nuisances sonores découlent parfois d’un environnement inadapté ou bruyant. De multiples stimulations (passages de personnes, de chiens, mouvements ou bruits incessants) ainsi que la présence de congénères aboyeurs peuvent entraîner une agitation globale de l’animal. Un manque d’activité, un besoin de se dépenser non comblé sont également susceptibles de conduire l’animal à vocaliser à outrance.


Une spécificité des canidés domestiques


Les canidés sauvages sont généralement très silencieux, tout comme les chiens marron (chiens domestiques revenus à la vie sauvage). Ils aboient peu, pour des raisons évidentes de sécurité. Grognements et hurlements servent à la cohésion du groupe, lorsque groupe il y a (ce qui n’est pas toujours le cas).


Ainsi, si les chiens nous « causent » autant, c’est sans doute par un phénomène mimétique : Médor aboie, hurle, gémit, soupire et bâille avec vigueur parce que nous, êtres humains, parlons beaucoup. Et parce que nous l’avons voulu. En effet, par la sélection, dans une optique utilitariste, l’homme a encouragé cette caractéristique. Les chiens de chasse, de garde ou les terriers sont très aboyeurs, à l’inverse de races plus primitives comme le husky ou le basenji.


Lorsqu’il va mal, lorsqu’il va bien ou tout simplement parce que c’est dans sa nature de s’exprimer avec force vocalises, le chien se fait entendre. Est-ce à dire qu’il se fait comprendre ? Certes non. Toute communication porte en elle le malentendu. Mais celui-ci devient maximal lorsqu’il met aux prises deux espèces différentes. Pourtant, la grande proximité et la longue cohabitation de l’homme et de son meilleur ami permettent une lisibilité parfois intuitive. Quelques clés supplémentaires peuvent optimiser ce bagage, pour une cohabitation plus fluide et plus paisible.


Marie Perrin





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